Olivier Raveux, Nicole Girard, Xavier Daumalin
Du savon à la puce
Prix public :
25.00€
Que n’a-t-on pas dit sur l’industrie marseillaise ! Qu’elle avait disparu, engloutie dans le naufrage de l’Empire colonial. Que du temps de sa splendeur, au XIXe siècle, elle n’était qu’une pâle imitation des grands foyers industriels français et européens, ou encore que sa capacité à se renouveler avait été constamment annihilée par l’atonie ou le manque de perspectives des élites locales. Cet ouvrage, le premier sur la question depuis la célèbre Encyclopédie départementale publiée par Paul Masson dans les années 1920, révèle une toute autre réalité. Puisant dans les travaux les plus récents de la recherche, s’appuyant sur une équipe pluridisciplinaire dont les réflexions s’inscrivent volontairement dans la longue durée, il renouvelle les analyses traditionnelles et dévoile les dynamiques actuelles d’une industrie en pleine mutation. Le « roi savon » et l’ère de la vapeur ont vécu, de nombreuses grandes et vieilles usines marseillaises ont fermé leurs portes, mais l’activité industrielle se poursuit à travers de nouveaux espaces de fonctionnement et de multiples productions comme la pétrochimie, la sidérurgie, l’aéronautique, l’industrie du offshore ou les hautes technologies. L’histoire industrielle de Marseille doit se lire aujourd’hui à la lumière des grandes mutations technologiques, dans un cadre géographique englobant de nouveaux espaces, avec un processus où la ville et sa région contribuent de concert à la naissance d’une métropole. Cet ouvrage invite à décrypter une histoire à la fois longue et complexe puisqu’elle est à la fois celle de filières multiples et d’implantations qui dessinent une géographie industrielle articulée avec la ville et le port sans jamais se confondre à eux. Elle est tout à la fois l’histoire d’aventures productives, de la croissance d’une ville dont le patrimoine et le tissu urbain laissent encore voir des empreintes industrielles, fortes et diverses, histoire enfin de toute une société, depuis une bourgeoisie qui ne fut pas seulement négociante jusqu’à un prolétariat industriel qui constitue une composante majeure et souvent sous-estimée du Marseille populaire des deux derniers siècles. Ce livre affirme que l’histoire industrielle marseillaise peut et donc doit se lire dans la très longue durée, et que Marseille a participé, sans regard significatif et même avec vigueur et originalité, au mouvement européen d’industrialisation du premier XIXe siècle. Il nous dit enfin que l’industrie marseillaise n’est pas une histoire morte, achevée avec le grand cycle des corps gras, mais qu’elle doit au contraire se lire au présent, dans le cadre d’espaces élargis.